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Lanvin : les années Alber Elbaz

  • Photo du rédacteur: Axel Frison
    Axel Frison
  • 30 oct. 2015
  • 3 min de lecture

Le défilé printemps-été 2016 de Lanvin, donné le 1er octobre au Palais des Beaux-Arts, aura été le dernier d’Alber Elbaz pour la maison française. Le chant du cygne d’un virtuose qui, en tout juste quinze ans, avait réussi à réveiller une belle endormie depuis des décennies.

Une robe à larges volants portée par Julia Nobis : telle aura donc été l’ultime silhouette d’Alber Elbaz chez Lanvin. La mode parisienne ne sera plus la même en mars prochain, à l’heure des collections automne-hiver 2016/17 : Dior, Balenciaga et Lanvin accueilleront de nouveaux chefs d’orchestre, chargés de faire briller les étoiles de la constellation parisienne. Dans un monde où les mercatos de créateurs rivaliseraient presque avec ceux du football, l’histoire d’Alber Elbaz chez Lanvin fut longue, sereine et pétillante, comme une symphonie de Mozart.

Nous sommes en 2002 : après une année sabbatique passée aux quatre coins de la planète, Alber Elbaz revient à Paris, l’esprit en ébullition. Il accepte l’offre de la Taïwanaise Shaw-Lan Wang, qui a racheté Lanvin à L’Oréal un an plus tôt. Sa mission est claire : redorer le blason de la maison créée par Jeanne Lanvin en 1889. Assisté d’Elie Top, son ami de toujours, le créateur israélo-américain se plonge dans les archives de la maison et tente de comprendre les raisons d’une décadence : comment l’un des mythes de la couture française (au même titre que Schiaparelli ou Vionnet) a-t-il pu s’essouffler au cours du 20e siècle ? Et, surtout, comment faire revivre l’esprit Jeanne Lanvin à travers le prisme de la modernité ? Fort de ses années chez Guy Laroche et Yves Saint Laurent, Alber Elbaz connaît les attentes de la femme contemporaine : il sait que ses désirs sont nourris de luxe, bien entendu, mais aussi de réalisme. En l’espace d’un siècle, Proust a rencontré Sagan, et Lanvin a rencontré Saint Laurent : la robe du soir s’est muée en smoking et l’inspiration antique a fusionné avec le style seventies. Au carrefour des modes et des époques, Alber Elbaz doit donc faire fusionner légende et modernité.

Dans une atmosphère enfumée de salon parisien, le nouveau visage de la marque se dessine peu à peu. La première collection d’Alber Elbaz, pour l’automne-hiver 2002/2003, en dit long sur le projet créatif du designer : ancrer le vocabulaire de Jeanne Lanvin dans une contemporanéité à la fois chic et urbaine. Certes palpables, les réminiscences du style antique ou des Années Folles sont décristallisées à grands coups de matières ou d’associations innovantes. En sus de briller dans le monde, la nouvelle femme Lanvin brille donc dans la rue : elle ose le smoking, porte du cuir brut et marche à plat. Défilé après défilé, saison après saison, Alber Elbaz impose son langage à la fois humanisant et humaniste : il essaime ça et là des inspirations glanées au fil de ses voyages, et invite Jeanne Lanvin dans les rues de New York, au coeur du désert marocain ou sur la route 66. Il réinvente la jupe crayon, dépoussière la lavallière, crédibilise les plumes, adule les gants… Cette fille-là est un phénix qui renaît de ses drapés pour investir les ruelles sombres d’un Paris noctambule. Elle prend vie, sous les traits d’Olga Sherer, d’Aymeline Valade ou de Sasha Pivovarova.

Certes virtuose, la technique d’Elbaz chez Lanvin n’a jamais rien eu de gratuit. Ainsi, les ruchés, plissés soleil et autres brillantes finitions sont toujours restés au service d’une silhouette née pour le réel : “Moi, je présente les vêtements à des journalistes en pensant que ce sont des femmes, parce que j’ai peur des journalistes mais pas des femmes. C’est le ‘highlight’ de mon travail, c’est à ce moment-là que l’abstrait devient réel. Jour après jour, j’essaie de rendre les femmes très belles. Chacun dans son métier apporte quelque chose pour rendre la vie meilleure. Pour ma part, je le fais avec des vêtements. Mais c’est davantage que trois mètres de tissu. C’est une histoire et une technique. C’est ça la mode, une histoire et une technique. Et ce ne peut être uniquement une histoire, et ce ne peut être uniquement une technique. Une histoire ne marche pas dans la vraie vie, la technique n’est qu’une technique. C’est le mix des deux qui fait de la mode la mode.”, avait-il confié dans un entretien à L’Officiel en février 2010. Cette philosophie est plus actuelle que jamais, à l’heure où certains s’obstinent à scinder la ligne par le style. Le créateur de mode n’est-il pas artiste tout autant qu’artisan ? Cent ans après Jeanne Lanvin, Alber Elbaz a repris de l’antiquité ses concepts aristotéliciens pour en faire un manifeste de l’élégance et du mystère. Chez Dior ou ailleurs, la suite du discours promet d’être belle.


 
 
 

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